L’Audit Énergétique et le Financement par Prêts Aidés : Guide Pratique et Juridique

Face à la transition énergétique et aux exigences réglementaires croissantes, l’audit énergétique s’impose comme un préalable incontournable à toute rénovation de bâtiment. Parallèlement, les prêts aidés constituent des leviers financiers déterminants pour concrétiser ces projets. Ce dispositif double – diagnostic technique et soutien financier – forme un écosystème complexe que propriétaires et copropriétés doivent maîtriser pour optimiser leurs démarches. L’évolution constante du cadre légal, notamment avec la loi Climat et Résilience, impose une vigilance accrue quant aux obligations et opportunités en matière de rénovation énergétique. Notre analyse détaille les mécanismes juridiques, conditions d’éligibilité et stratégies d’articulation entre audit et financement.

Cadre Juridique de l’Audit Énergétique : Obligations et Portée

Le cadre légal de l’audit énergétique a connu une évolution significative ces dernières années. La loi Climat et Résilience du 22 août 2021 constitue une avancée majeure, rendant obligatoire l’audit énergétique pour certaines catégories de biens immobiliers lors de leur mise en vente. Cette obligation, initialement prévue pour les logements classés F et G (qualifiés de « passoires thermiques« ) à partir du 1er septembre 2022, a été reportée au 1er avril 2023, puis étendue progressivement aux logements classés E en 2025 et D en 2034.

D’un point de vue réglementaire, l’audit énergétique va bien au-delà du simple Diagnostic de Performance Énergétique (DPE). Tandis que le DPE fournit une étiquette énergétique, l’audit propose une analyse approfondie et des recommandations de travaux hiérarchisées. Selon l’article L126-28-1 du Code de la construction et de l’habitation, l’audit doit comprendre :

  • Un état des lieux des caractéristiques thermiques du logement
  • Une estimation de la performance énergétique du logement
  • Des propositions de travaux permettant d’atteindre une amélioration significative
  • Une évaluation du coût de ces travaux et leur impact sur la facture énergétique

La réalisation de cet audit est strictement encadrée. Selon le décret n° 2022-780 du 4 mai 2022, seuls les professionnels certifiés peuvent réaliser ces audits. Ils doivent justifier d’une certification selon la norme NF EN 16247-2, relative aux audits énergétiques dans le bâtiment, ou d’une qualification équivalente.

Pour les copropriétés, le cadre juridique présente des spécificités. La loi ELAN (Évolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique) impose un Diagnostic Technique Global (DTG) pour les immeubles de plus de 15 ans mis en copropriété. Ce diagnostic inclut une analyse de la performance énergétique du bâtiment. De plus, le Plan Pluriannuel de Travaux (PPT), rendu obligatoire par la loi Climat et Résilience pour les copropriétés de plus de 15 ans à partir de 2023, doit se baser sur une analyse énergétique approfondie.

Les sanctions prévues en cas de non-respect de ces obligations sont dissuasives. L’absence d’audit énergétique lors de la vente d’un bien concerné peut entraîner des poursuites civiles, avec possibilité pour l’acquéreur de demander une réduction du prix voire l’annulation de la vente sur le fondement du vice du consentement (articles 1130 et suivants du Code civil).

La portée juridique de l’audit va au-delà de sa simple réalisation. Les recommandations qu’il contient, bien que non contraignantes, peuvent acquérir une valeur juridique dans certains contextes. Par exemple, dans le cadre d’un contrat de performance énergétique, les objectifs fixés peuvent s’appuyer sur les données de l’audit, créant ainsi des obligations contractuelles pour les parties.

Enfin, la responsabilité professionnelle des auditeurs est engagée quant à la qualité et la fiabilité de leurs prestations. Un audit défaillant pourrait entraîner des recours sur le fondement de la responsabilité contractuelle (article 1231-1 du Code civil) ou de la garantie des vices cachés si les défauts du bâtiment n’ont pas été correctement identifiés.

Typologie et Caractéristiques des Prêts Aidés pour la Rénovation Énergétique

Le paysage des prêts aidés dédiés à la rénovation énergétique se caractérise par sa diversité et sa complexité juridique. Ces instruments financiers, soutenus par les pouvoirs publics, répondent à des logiques distinctes et ciblent différents profils de bénéficiaires.

Le Prêt à Taux Zéro pour la rénovation énergétique (éco-PTZ) constitue l’un des dispositifs phares. Codifié aux articles R319-1 à R319-43 du Code de la construction et de l’habitation, ce prêt sans intérêt peut financer jusqu’à 50 000 euros de travaux d’amélioration énergétique. Sa particularité réside dans son mécanisme de compensation : l’État verse un crédit d’impôt aux établissements prêteurs pour compenser l’absence d’intérêts. Les conditions d’éligibilité ont été assouplies par la loi de finances 2022, supprimant notamment l’exigence d’un bouquet de travaux pour les logements les moins performants.

Le Prêt Avance Rénovation (PAR), instauré par la loi Climat et Résilience, représente une innovation juridique notable. Ce dispositif, détaillé à l’article L319-1-1 du Code de la construction et de l’habitation, permet de différer le remboursement du capital à la revente du bien ou à la succession. Sa spécificité tient à sa garantie publique partielle, assurée par le Fonds de Garantie pour la Rénovation Énergétique (FGRE). Ce mécanisme juridique complexe vise particulièrement les propriétaires âgés ou aux revenus modestes, pour qui le remboursement mensuel d’un prêt classique serait problématique.

Les Prêts Action Logement s’inscrivent dans un cadre conventionnel spécifique. Issus des accords entre partenaires sociaux, ces prêts bonifiés jusqu’à 10 000 euros sont régis par des conventions quinquennales entre l’État et Action Logement. Leur particularité juridique tient à leur statut hybride, entre instrument privé (financé par la participation des employeurs) et outil de politique publique.

Conditions d’éligibilité et formalisme juridique

Le formalisme juridique entourant ces prêts aidés est substantiel. Pour l’éco-PTZ, les travaux doivent être réalisés par des entreprises certifiées RGE (Reconnu Garant de l’Environnement), conformément à l’arrêté du 30 mars 2009 modifié. Les formulaires réglementaires incluent des engagements juridiquement contraignants pour l’emprunteur comme pour les entreprises réalisant les travaux.

La contractualisation de ces prêts obéit à des règles spécifiques. Outre le respect du Code de la consommation en matière de crédit immobilier (information précontractuelle, délai de réflexion), des clauses particulières doivent figurer dans les offres de prêt. Pour le PAR, par exemple, l’article L319-1-1 impose une mention explicite du caractère différé du remboursement et des conditions de mise en jeu de la garantie publique.

  • Pour l’éco-PTZ : exigence d’un logement achevé depuis plus de 2 ans et utilisé comme résidence principale
  • Pour le PAR : nécessité d’un audit énergétique préalable et d’un gain énergétique minimal
  • Pour les prêts Action Logement : statut de salarié d’une entreprise du secteur privé non agricole

Les délais de validité de ces dispositifs sont également encadrés juridiquement. L’éco-PTZ, initialement prévu jusqu’à fin 2021, a été prorogé jusqu’au 31 décembre 2023 par la loi de finances 2022. Cette temporalité limitée, caractéristique des dispositifs incitatifs, impose une vigilance particulière quant à l’évolution du cadre légal.

Enfin, le cumul de ces prêts avec d’autres aides fait l’objet d’un encadrement spécifique. Si l’éco-PTZ peut légalement se cumuler avec MaPrimeRénov’ ou les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE), des règles anti-cumul existent entre certains dispositifs. La circulaire du 14 septembre 2022 relative aux aides à la rénovation énergétique précise ces règles de cumul et leurs exceptions.

Articulation Juridique entre Audit Énergétique et Obtention des Financements

L’articulation entre audit énergétique et prêts aidés constitue un mécanisme juridique sophistiqué, où l’un conditionne souvent l’accès à l’autre. Cette interdépendance, renforcée par les évolutions législatives récentes, mérite une analyse approfondie.

La loi Climat et Résilience a institutionnalisé le rôle de l’audit comme prérequis à certains financements. Ainsi, l’article L319-1-1 du Code de la construction et de l’habitation stipule que le Prêt Avance Rénovation ne peut être octroyé qu’après réalisation d’un audit énergétique. Cette exigence légale transforme l’audit en document juridiquement opposable, dont les conclusions déterminent l’éligibilité au financement. Le législateur a ainsi créé une séquence procédurale contraignante : diagnostic technique puis montage financier.

Pour l’éco-PTZ, le cadre réglementaire prévoit deux voies distinctes. La première, basée sur un bouquet de travaux, nécessite de justifier de la réalisation d’actions précises parmi une liste définie par l’arrêté du 30 mars 2009. La seconde voie, dite de performance globale, requiert explicitement un audit préalable démontrant que les travaux permettront d’atteindre un niveau de performance minimal. Cette dualité crée une hiérarchie normative où l’audit devient, dans certains cas, un document à valeur probatoire.

La question de la temporalité entre audit et demande de financement revêt une importance juridique capitale. Selon la doctrine administrative exprimée dans le Bulletin Officiel des Finances Publiques, l’audit doit être antérieur à la demande de prêt pour être valablement pris en compte. Cette antériorité, bien que logique, crée parfois des difficultés pratiques lorsque le financement de l’audit lui-même pose problème.

Valeur probatoire et contractuelle de l’audit

La valeur probatoire de l’audit énergétique dans le processus d’obtention des financements mérite attention. Les établissements prêteurs s’appuient sur ce document technique pour évaluer la pertinence du projet de rénovation et sa conformité aux exigences réglementaires. Un audit incomplet ou erroné peut ainsi compromettre l’accès au financement, soulevant la question de la responsabilité du professionnel qui l’a réalisé.

Cette dimension probatoire se double d’une valeur contractuelle potentielle. Lorsque l’audit est annexé à la demande de prêt, ses conclusions peuvent être intégrées par référence au contrat de financement. Dans ce cas, tout écart significatif entre les performances prévues et réalisées pourrait, selon la jurisprudence (Cass. civ. 3e, 8 juin 2017, n°16-10.845), constituer un manquement contractuel susceptible de remettre en cause certains avantages du prêt.

  • Séquence juridique optimale : audit préalable, demande de financement, réalisation des travaux, contrôle de conformité
  • Documents à valeur probatoire : audit énergétique, attestations RGE, devis détaillés
  • Risques juridiques : non-conformité des travaux aux préconisations, perte des avantages financiers

Le contrôle de conformité des travaux aux préconisations de l’audit constitue un autre point d’articulation critique. Pour l’éco-PTZ, l’article R319-19 du Code de la construction et de l’habitation impose la production d’un formulaire de justification de réalisation des travaux. Ce document engage la responsabilité de l’emprunteur et des professionnels intervenants quant à la conformité des travaux aux exigences du prêt.

Enfin, la question des modifications en cours de projet mérite attention. La pratique démontre que les travaux réalisés diffèrent parfois des préconisations initiales de l’audit. La circulaire du 14 septembre 2022 admet une certaine souplesse, autorisant des modifications mineures sans remise en cause du financement, sous réserve que l’objectif de performance énergétique soit maintenu. Cette flexibilité encadrée témoigne d’un pragmatisme juridique bienvenu dans un domaine technique complexe.

Contentieux et Responsabilités liés à l’Audit Énergétique et aux Prêts Aidés

Les contentieux relatifs à l’articulation entre audits énergétiques et prêts aidés forment un corpus jurisprudentiel émergent, reflet des tensions inhérentes à ce domaine technique et financier. L’analyse de ces litiges révèle plusieurs catégories de risques juridiques pour les différentes parties prenantes.

La responsabilité des auditeurs énergétiques constitue un premier foyer contentieux. Soumis à une obligation de moyens renforcée, ces professionnels peuvent voir leur responsabilité engagée sur différents fondements. La Cour de cassation, dans un arrêt du 4 février 2021 (n°19-20.316), a confirmé qu’un diagnostic erroné pouvait constituer un manquement à l’obligation de conseil, engageant la responsabilité civile professionnelle du diagnostiqueur. Plus spécifiquement, les erreurs d’appréciation sur les performances atteignables après travaux ont donné lieu à plusieurs condamnations sur le fondement de l’article 1240 du Code civil.

Le contentieux peut également naître d’une inadéquation entre l’audit et le financement obtenu. Lorsqu’un établissement prêteur refuse un prêt aidé au motif que les travaux préconisés ne correspondent pas aux critères d’éligibilité, l’emprunteur peut se retourner contre l’auditeur. Le Tribunal judiciaire de Paris, dans un jugement du 15 septembre 2022, a ainsi reconnu la responsabilité d’un bureau d’études pour avoir préconisé des travaux non éligibles à l’éco-PTZ, causant un préjudice financier au maître d’ouvrage.

La responsabilité des établissements bancaires occupe une place centrale dans ce contentieux spécialisé. Le devoir de conseil et d’information des banques, renforcé en matière de prêts aidés, peut fonder des recours en cas de défaillance. La jurisprudence (notamment CA Versailles, 16 mars 2023) a sanctionné des établissements n’ayant pas correctement informé leurs clients sur les conditions précises d’éligibilité aux prêts aidés, notamment concernant les certifications requises pour les entreprises réalisant les travaux.

Litiges liés à la performance énergétique après travaux

Les litiges relatifs à la performance énergétique effective après travaux constituent une catégorie contentieuse en développement. Lorsque les économies d’énergie réelles s’avèrent inférieures aux projections de l’audit sur lesquelles le financement a été calculé, des actions en responsabilité peuvent être engagées. La question de la charge de la preuve devient alors centrale : selon la jurisprudence récente (CA Lyon, 7 avril 2022), il appartient au demandeur de démontrer l’écart entre performance promise et performance réelle, généralement par une expertise judiciaire.

Les contentieux liés à la déchéance des avantages des prêts aidés méritent une attention particulière. L’article R319-14 du Code de la construction et de l’habitation prévoit que le non-respect des conditions d’octroi de l’éco-PTZ entraîne la déchéance du droit à l’avantage fiscal pour l’établissement prêteur, qui peut alors exiger le remboursement de l’avantage indûment perçu par l’emprunteur. Ce mécanisme a donné lieu à des litiges complexes, notamment lorsque la non-conformité résulte d’un manquement imputable à l’entreprise réalisant les travaux.

  • Contentieux liés à la qualité de l’audit : erreurs d’appréciation, omissions, recommandations inadaptées
  • Litiges bancaires : refus injustifiés de prêts, information défaillante, clauses abusives
  • Contentieux de la performance : écarts entre performance promise et réalisée, méthodes de mesure contestées

La question des recours en garantie entre professionnels complète ce panorama contentieux. Dans une affaire jugée par la Cour d’appel de Bordeaux le 12 janvier 2023, un établissement bancaire condamné pour défaut de conseil a pu exercer un recours contre l’auditeur énergétique dont les recommandations erronées avaient induit la banque en erreur. Cette chaîne de responsabilités illustre la complexité des relations juridiques entre les différents intervenants.

Enfin, les sanctions administratives en cas de fraude aux prêts aidés constituent un risque juridique significatif. L’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH), gestionnaire de certains dispositifs, dispose d’un pouvoir de contrôle et de sanction. Selon l’article L321-11-1 du Code de la construction et de l’habitation, elle peut prononcer des sanctions pécuniaires pouvant atteindre 50 000 euros en cas de méconnaissance des règles d’attribution des aides.

Stratégies d’Optimisation Juridique et Financière des Projets de Rénovation

L’élaboration de stratégies d’optimisation pour les projets de rénovation énergétique nécessite une approche intégrée, conjuguant expertise technique, juridique et financière. Cette démarche structurée permet de maximiser les bénéfices des dispositifs d’aide tout en sécurisant juridiquement le projet.

La séquence chronologique des opérations constitue un premier levier d’optimisation. Contrairement à une approche intuitive, la chronologie optimale ne commence pas par l’audit énergétique mais par une pré-évaluation juridique du projet. Cette étape préliminaire, souvent négligée, permet d’identifier les contraintes réglementaires spécifiques (règles d’urbanisme, copropriété, monuments historiques) susceptibles d’affecter la faisabilité des travaux préconisés. Selon la jurisprudence administrative (CE, 27 octobre 2021, n°443883), l’absence de cette analyse préalable peut compromettre l’ensemble du projet et entraîner des pertes financières significatives.

Une fois ce cadre juridique établi, la réalisation de l’audit énergétique intervient dans des conditions optimales. Pour renforcer sa valeur juridique et technique, plusieurs précautions s’imposent : établir un contrat détaillé avec l’auditeur précisant l’étendue de sa mission, exiger une analyse de compatibilité des préconisations avec les dispositifs de financement visés, et prévoir contractuellement une assistance pour la constitution des dossiers de demande de prêts. Cette approche préventive limite les risques de contentieux ultérieurs, comme l’a souligné la Cour d’appel de Paris dans un arrêt du 9 mars 2022.

Le montage financier du projet représente un second niveau d’optimisation. La stratification des dispositifs d’aide impose une analyse fine des règles de cumul et de leurs exceptions. Par exemple, la combinaison d’un éco-PTZ pour les travaux d’isolation avec un PAR pour le changement du système de chauffage peut s’avérer plus avantageuse qu’un financement unique. La doctrine fiscale (BOI-BIC-RICI-10-110) confirme la légalité de cette approche segmentée, sous réserve que chaque prêt finance des travaux distincts.

Sécurisation contractuelle de la relation avec les professionnels

La sécurisation contractuelle des relations avec les professionnels intervenant dans le projet constitue un axe majeur d’optimisation juridique. Le contrat d’entreprise conclu avec les artisans doit intégrer des clauses spécifiques liées aux exigences des prêts aidés : mention explicite de la certification RGE, engagement sur les performances énergétiques attendues, modalités de vérification de la conformité des travaux aux préconisations de l’audit.

L’insertion d’une condition suspensive liée à l’obtention du financement dans les contrats de travaux représente une garantie juridique fondamentale. La Cour de cassation (Cass. 3e civ., 18 décembre 2019, n°18-24.156) a validé la légitimité de telles clauses, permettant au maître d’ouvrage de se désengager sans pénalité en cas de refus du prêt aidé. Cette protection contractuelle s’avère particulièrement précieuse dans un contexte où les critères d’éligibilité aux aides évoluent fréquemment.

L’optimisation fiscale des projets de rénovation constitue un volet complémentaire souvent sous-exploité. Au-delà des prêts aidés, certains travaux d’amélioration énergétique peuvent générer des avantages fiscaux additionnels. Par exemple, l’article 31 du Code général des impôts permet aux propriétaires bailleurs de déduire certaines dépenses de travaux de leurs revenus fonciers. La combinaison de cette déduction avec un financement par prêt aidé peut considérablement améliorer la rentabilité globale du projet.

  • Étape 1 : Analyse juridique préalable (urbanisme, copropriété, servitudes)
  • Étape 2 : Audit énergétique orienté vers les dispositifs de financement ciblés
  • Étape 3 : Montage financier optimisé (cumul raisonné des aides)
  • Étape 4 : Sécurisation contractuelle avec les professionnels
  • Étape 5 : Suivi rigoureux et documentation des travaux

La gestion des aléas en cours de projet nécessite une approche juridique anticipative. Les modifications du projet initial, fréquentes dans les rénovations énergétiques, doivent faire l’objet d’avenants formalisés et d’une analyse de leur impact sur l’éligibilité aux financements. La jurisprudence (CA Rennes, 25 février 2022) montre que l’absence de cette formalisation peut entraîner la remise en cause des avantages financiers initialement accordés.

Enfin, la constitution d’un dossier probatoire tout au long du projet représente une garantie juridique majeure. La conservation méthodique des documents techniques, devis, factures, correspondances et attestations forme un corpus documentaire indispensable en cas de contrôle ou de contentieux ultérieur. Cette traçabilité, recommandée par le Médiateur de l’énergie dans son rapport annuel 2022, constitue souvent l’élément déterminant dans la résolution favorable des litiges relatifs aux prêts aidés.

Perspectives d’Évolution du Cadre Juridique et Recommandations Pratiques

L’environnement juridique entourant l’audit énergétique et les prêts aidés se caractérise par son dynamisme et ses mutations continues. L’analyse des tendances législatives et réglementaires permet d’anticiper les évolutions probables de ce cadre normatif et d’adapter les stratégies des acteurs concernés.

Le renforcement prévisible des obligations d’audit constitue une première tendance de fond. La progressivité introduite par la loi Climat et Résilience témoigne d’une volonté d’étendre graduellement le champ d’application de l’audit obligatoire. Les travaux préparatoires de la prochaine loi de finances suggèrent un élargissement de cette obligation aux transactions locatives pour certaines catégories de biens, créant ainsi un nouveau marché pour les professionnels du diagnostic. Cette extension s’accompagnera probablement d’un renforcement des exigences qualitatives, comme l’indiquent les discussions au sein du Conseil Supérieur de la Construction et de l’Efficacité Énergétique.

L’évolution des mécanismes de financement s’oriente vers une intégration accrue des critères de performance. Les projets de réforme de l’éco-PTZ actuellement discutés prévoient une modulation du montant et de la durée du prêt en fonction du gain énergétique projeté, renforçant ainsi le lien entre audit et financement. Parallèlement, le développement des Obligations Réelles Environnementales (ORE), instaurées par l’article L132-3 du Code de l’environnement, pourrait offrir un cadre juridique innovant pour sécuriser les engagements de performance énergétique sur le long terme.

La digitalisation des procédures d’audit et de financement représente une évolution technique aux implications juridiques significatives. Le projet de passeport numérique du bâtiment, mentionné dans la Stratégie Nationale Bas-Carbone, vise à créer un document numérique regroupant l’ensemble des informations techniques et énergétiques d’un bâtiment. Cette innovation soulève des questions juridiques inédites concernant la valeur probatoire des données numériques, la responsabilité en cas d’erreur algorithmique, ou encore la protection des données personnelles des occupants.

Recommandations pratiques pour les différents acteurs

Face à ces évolutions anticipées, plusieurs recommandations pratiques peuvent être formulées à l’attention des différents acteurs du secteur.

Pour les propriétaires et syndicats de copropriété, l’anticipation constitue la clé d’une démarche réussie. La réalisation volontaire d’un audit énergétique, même en l’absence d’obligation légale immédiate, permet de planifier les travaux de manière échelonnée et d’accéder aux dispositifs de financement avant leur éventuelle réforme. La jurisprudence récente (CA Paris, 11 mai 2023) confirme que cette approche proactive peut constituer un élément déterminant en cas de contentieux sur la valorisation du bien.

Pour les professionnels de l’audit, l’évolution du cadre juridique impose une adaptation continue des pratiques. Le renforcement probable de la responsabilité des auditeurs justifie l’adoption de méthodologies rigoureuses, incluant systématiquement une analyse de compatibilité des préconisations avec les critères d’éligibilité aux différents prêts aidés. La souscription de contrats d’assurance spécifiques, couvrant le risque de non-obtention des financements en raison d’erreurs dans l’audit, constitue une précaution judicieuse.

Les établissements bancaires gagneraient à développer une expertise interne dédiée à l’analyse technique des audits énergétiques. Cette compétence permettrait d’évaluer plus finement l’adéquation entre les travaux préconisés et les critères d’éligibilité aux prêts aidés, réduisant ainsi le risque de contentieux ultérieurs. L’élaboration de procédures standardisées pour la vérification des documents techniques constituerait un complément utile à cette expertise.

  • Pour les propriétaires : anticiper les obligations futures, privilégier une approche globale, documenter rigoureusement chaque étape
  • Pour les auditeurs : renforcer l’analyse de compatibilité avec les financements, adapter les contrats, assurer une veille réglementaire
  • Pour les banques : développer l’expertise technique, standardiser les procédures de vérification, clarifier l’information précontractuelle

Les pouvoirs publics pourraient contribuer à la sécurisation juridique du dispositif par plusieurs actions : simplifier et harmoniser les critères d’éligibilité aux différents dispositifs d’aide, créer un référentiel commun pour les audits énergétiques, et développer des outils de simulation permettant d’évaluer l’impact financier global des projets de rénovation.

Enfin, le développement de contrats-types adaptés aux différentes configurations de projets de rénovation énergétique constituerait un outil précieux pour sécuriser juridiquement ces opérations. Ces modèles contractuels, élaborés en concertation avec les organisations professionnelles et les associations de consommateurs, permettraient de standardiser les bonnes pratiques et de réduire les risques contentieux.

L’articulation entre audit énergétique et prêts aidés continuera d’évoluer vers une intégration plus poussée, reflétant la priorité accordée à la transition énergétique du parc immobilier. Dans ce contexte mouvant, la maîtrise des aspects juridiques constitue un avantage compétitif pour tous les acteurs impliqués dans ces projets complexes mais décisifs pour l’avenir de notre habitat.

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